Les coulisses de l’opération « Foyers témoins pour réduire nos déchets sur le territoire de la côte Ouest »…

Note : Cet article a été publié il y a plus de 81 mois. Les informations qu'il vous propose ne sont peut-être plus à jour.

Cela fait maintenant un mois que les 20 foyers témoins du TCO ont récupéré leurs deux poules pondeuses. Les familles et une école élémentaire participent à cette expérimentation proposée par le TCO, consistant à réduire le volume des leurs déchets ménagers, grâce aux poules fournies. Depuis quelques semaines donc, les familles commencent à s’habituer à la cohabitation et à la pratique. Suivons leurs premiers pas…

Rencontre avec Marielle, mère de famille motivée et impliquée

Marielle habite avec ses deux fils, Octave et Achille, une maison en centre-ville de Saint-Paul. L’opération proposée par le TCO l’a tout de suite motivée. Il faut dire qu’elle souhaitait depuis un moment avoir des poules à la maison, après une première expérience il y a quelques années. Depuis le 27 janvier dernier, le pas a été franchi et la petite famille a accueilli les deux poules qui leur ont été confiées. Le petit jardin situé à l’arrière de la maison était d’une surface suffisante (comme il faut au moins 4 m2 par poule…) pour installer confortablement le poulailler également offert par le TCO, fabriqué à partir de bois de palette recyclé.

Restait donc au foyer témoin à prévoir un enclos sécurisé et suffisamment grand pour permettre aux poules de gambader librement. C’est le seul inconvénient qu’a pu trouver Marielle dans cette expérience, son investissement financier pour construire l’enclos : « J’en ai eu pour 150 euros. C’est vrai que j’ai acheté tout le matériel, bois, grillage métallique, … J’aurais pu aussi utiliser des matériaux de récupération pour que cela me coûte moins cher ».

La visite mensuelle à domicile est un moment privilégié d’échanges : recueil de données d’une part et conseils prodigués d’autre part.

C’est le jour de la visite mensuelle… Au moins une fois par mois, Pauline Chantrelle et Franck Montauzon de l’association Éco Manifestation Réunion, partenaire de l’opération, rencontrent les familles témoins à leur domicile pour voir comment cela se passe, échanger avec elles et récupérer les fiches de pesée. En participant à cette action, les familles se sont en effet engagées à assurer un suivi quotidien de leurs déchets : les quantités de déchets ménagers produits, de déchets donnés aux poules (épluchures de fruits et légumes, restes alimentaires, etc.), de déchets destinés au bac bleu (ordures ménagères).
C’est aussi l’occasion de prodiguer quelques conseils. Marielle fait le point avec Pauline sur les aliments déconseillés à donner à ses poules. La coordinatrice déchets de l’association Éco Manifestation Réunion informe la mère de famille qu’il est préférable d’éviter notamment le chou et le poisson qui altèrent le goût des œufs pondus, ainsi que la peau d’agrumes qu’elles ne mangent pas (trop dure à picorer). De toute façon, comme le précise Jacques Potier (chargé de mission Prévention déchets à la direction Environnement du TCO), « les poules ont une sorte de sixième sens pour détecter ce qu’elles peuvent manger ou pas, elles sont plus futées qu’on ne le croit ! ».

Halte aux idées reçues !

Marielle est soucieuse du soin apporté à ses poules. Semblant un peu gênée et fière à la fois, elle nous confie même préparer et conserver des boîtes dans le réfrigérateur spécialement pour ses poules, en veillant à leur équilibre alimentaire ! Marielle entretient aussi régulièrement leur lieu de vie : « Je passe un jet d’eau tous les matins sur l’espace bétonné où je leur donne à manger ». Ce qui évite aussi de générer des odeurs pouvant être gênantes pour la famille et son voisinage. Idem pour le bruit que pourraient craindre certains détracteurs ou réfractaires : « Les poules ne caquètent qu’une fois par jour, quand elles pondent. En général, je les entends en fin de matinée vers 11h. Au début je croyais que c’était parce qu’elles étaient embêtées par un chat. Mais j’ai eu la surprise et le plaisir de comprendre que c’était pour nous avertir en quelque sorte de l’œuf frais du jour. Elles sont sympas, non ? ». L’attachement et le dialogue entre la famille et leurs poules semblent s’être bien installés… « Je les ai laissées un week-end et elles ne m’ont rien dit ! » nous livre notre mère de famille responsable, qui rajoute : « Au-delà d’un week-end, il faut quand même leur donner à boire, à manger… Je m’organise donc en fonction ».

Marielle a aménagé un espace spécialement pour ses poules, qu’elle entretient régulièrement, pour que les gallinacées puissent manger, dormir et gambader en toute quiétude.

Comme il a pas mal plu en cette période d’été austral et que les poules sont bien repues avec les restes alimentaires complétés par un petit peu de granulés, les herbes sont généreuses autour du poulailler. Petite astuce prodiguée par Jacques Potier : « Pour garder un espace agréable, propre et sans odeurs, s’il y a peu de gazon, l’idéal est d’étaler du broyat de bois pour faire une sorte de litière. Pour la fabriquer, on peut aussi utiliser de la paille, des petites branches, des feuilles mortes ou encore des résidus de canne par exemple ».

En observant dans la cour, on s’aperçoit vite que notre hôte n’héberge pas que des poules chez elle. La famille possède aussi une tortue et deux chats. Après quelques jours de cohabitation et pour tordre le cou aux idées reçues, Marielle a constaté et nous affirme que ses poules ne se laissent pas faire et que ce seraient même les chats qui auraient peur des gallinacées. « Elles se défendent bien à l’âge adulte ! ».

Avec la visite à domicile, Pauline et Franck diagnostiquent aussi le potentiel de déchets qui pourraient être compostés. Ils peuvent alors proposer bioseau et composteur aux familles pour y mettre les déchets de cuisine qui ne sont pas consommés par les poules. « C’est intéressant de voir que les familles rentrent à ce moment-là dans un cercle vertueux qui renforce la capacité de détournement des déchets » souligne Jacques Potier.

Le sentiment de « participer à quelque chose d’important »

Outre les rencontres à domicile, les échanges et les liens sont continus. Un forum privé, animé par Pauline, a été spécialement créé pour le groupe de participants, afin de partager les expériences, les questionnements, les astuces et autres conseils. C’est aussi ce qu’apprécie particulièrement Marielle : « Avec ce blog, je sens vraiment que je fais partie d’une expérience. Cela renforce la notion de participer à quelque chose d’intéressant et d’important ».

C’est Octave qui avait lui-même choisi ses poules le 27 janvier dernier, lors de la remise des poules aux foyers témoins, une noire et une blanche.

Avoir des poules à la maison, c’est aussi une aventure qui se vit en famille. C’est d’ailleurs Octave, le plus jeune fils de Marielle âgé de 9 ans qui avait choisi leurs deux poules. Le nom des poules a fait l’objet d’un petit brainstorming familial. La blanche, avec des plumes sur les pattes caractéristiques de la race Sabelpoot, s’appelle « Paulette ». Et sa copine la noire, Belle de Bourbon issue d’un croisement, s’appelle « Colette ». Octave participe activement à l’expérience. Il nourrit de temps en temps les poules, il va chercher les œufs, aide sa maman au nettoyage de l’espace qui leur est réservé. « Ce qu’il fait le plus volontiers, c’est de peser les déchets. C’est ce qui l’amuse le plus ! » observe sa maman.

Finalement, Marielle nous confie être contente de participer à cette expérimentation, pour tous les avantages qu’elle a pu observer en termes de changements dans le quotidien de la famille : « En été, avant je sortais ma poubelle de cuisine tous les jours parce qu’elle était pleine et pour éviter les vers. Aujourd’hui je ne sors ma poubelle que tous les trois jours ! ».

Pauline et Marielle récupèrent l’œuf frais du jour pondu par « Colette » dans le poulailler.

De plus, qui dit poules pondeuses, dit œufs ! C’est ce que préfère le fils aîné de la famille Achille, 14 ans, plus intéressé par ce qu’il va pouvoir manger que par les tâches quotidiennes. Il faut dire que les œufs sont frais, servis à domicile chaque jour ! Marielle apprécie particulièrement le jaune d’œuf sur les pâtes carbonara, « un jaune bien plus jaune et goûteux que les œufs achetés dans le commerce ! ». Achille lui adore les œufs à la coque, mais pour l’instant c’est un peu difficile de les cuisiner car les œufs sont petits. « L’avantage de leur petite taille c’est qu’ils cuisent très vite pour des œufs à la coque : seulement une 1’30 ! » a pu constater Marielle. Il faudra attendre encore un peu pour satisfaire les envies culinaires d’Achille… Le saviez-vous ? En vieillissant, les poules pondent des œufs plus gros que lorsqu’elles sont plus jeunes ! Et la durée de vie d’une poule est d’environ 6-7 ans. En vieillissant, la poule finit par ne plus pondre. Et quand on demande à Marielle ce qu’elle en ferait à ce stade, elle nous répond avec un brin d’humour : « La vieille poule qui ne pond plus devient notre copine !… Et elle continuera à s’occuper de la réduction de nos déchets ». On l’a donc compris, hors de question d’envisager de la passer à la marmite…

Aujourd’hui, les foyers témoins vivent leurs premiers pas. Ils ont encore jusqu’à fin mai pour se faire accompagner de près par le TCO et l’association Éco Manifestation Réunion. À l’issue de l’expérimentation et avec un peu plus de recul, ils pourront partager leur vécu et le TCO pourra tirer un bilan de l’opération. Et pourquoi pas, donner envie à d’autres foyers de suivre leur exemple… ? Et vous, que diriez-vous de tenter vous aussi l’expérience pour réduire vos déchets ?


Cet article a été publié le , il y a 7 ans. Il est classé dans la rubrique Actualités du Territoire de la Côte Ouest, Des poules pour réduire nos déchets et a été consulté 1 753 fois. N'hésitez pas aussi à faire un tour sur Twitter, Flickr, Google+, YouTube ou encore Facebook pour d'autres news. Une information, une correction, un complément à ajouter ? Contactez-nous via notre formulaire dédié.