Mafate abrite une histoire dont il reste encore des pans à découvrir : celle des esclaves qui, en refusant leur condition servile, sont devenus marons.
Les crêtes et ilets ont été des lieux de refuge des esclaves en fuite, et ce, dès le début du XVIIIe siècle. Cela a été attesté par les rapports des chasseurs de marons, qui ont suivi les traces qu’empruntaient les esclaves pour entrer dans Mafate (en premier lieu par la rivière des Galets).
Les marons s’installaient sur des zones difficiles d’accès, et pouvaient parfois défendre leurs campements par des palissades ou des pieux en bois. Les grottes servaient de refuge, mais il arrivait parfois qu’ils construisent des maisons rudimentaires en bois et forment des camps. Ils se sont organisés pour cultiver, se ravitailler, se défendre, et rester cachés. Les conditions de vie étaient rudes, il fallait lutter contre la pluie et le froid, et se nourrir. Ils étaient craints des colons, car il leur arrivait de piller pour survivre.
Il est rapporté que Nicolas Lemarchand, qui fût maire de Saint-Paul et un des premiers colons à investir le cirque à la fin du XVIIIe siècle, aurait construit sa maison à Orère (aujourd’hui Aurère) en prévoyant des meurtrières pour faire face aux attaques de marons.
C’est un des indices qui montre que l’installation des marons dans le cirque de Mafate était pérenne, et que les interactions entre colons et esclaves en fuite devaient aller au-delà de la traque des marons par les chasseurs de noirs… Il aurait pu y avoir du troc, des conflits ou des alliances. Certains ilets auraient pu accueillir des villages de marons, tels que l’ilet à Malheur ou ilet à Corde.
Face au risque que pouvait représenter un éventuel « royaume de l’intérieur » pour les colons du littoral, de nombreux détachements de miliciens chasseurs de marons sont partis explorer crêtes et ravines, et ont commis des actes qui restent, pour certains, ancrés dans les mémoires.
Message de sensibilisation : les espaces traversés par le visiteur ne sont pas seulement que des paysages, ce sont des lieux chargés d’histoire. Ces paysages invitent à la contemplation, la mémoire des lieux invitent à la réflexion.
Focus : quelle est l’origine du nom « Mafate » ?
Plusieurs hypothèses existent sur l’origine du nom « Mafate ». Cela pourrait signifier « qui sent mauvais, qui pue » ou « qui est dangereux, qui tue ».
On raconte également qu’un chef et sorcier Mafate ou Maffack, esclave de la Compagnie des Indes devenu maron, se serait installé dans le cirque, au bord de la rivière des Galets, non loin du Piton du Bronchard et des sources sulfureuses à ses pieds. En 1751, ce « chef sorcier des eaux puantes » aurait été tué par les hommes de François Mussard, alors en route pour Cilaos.
Mais rien de sûr, car un autre chef maron nommé Maffa apparait aussi dans l’histoire du cirque, capturé et tué par des chasseurs lui aussi.