Dans les années 1980, Mafate a initié un virage vers le développement touristique. Dès 1986, on comptait près de 20 000 visiteurs dans le cirque. Si la quasi-totalité venait à pied, c’est également à cette époque que sont arrivés les premiers hélicoptères proposant des excursions pour survoler le cirque. 

L’offre d’hébergement ne répondant pas à la forte demande, les habitants de Mafate se sont mis à construire des gîtes afin d’accueillir les touristes venant du reste de l’île, de France hexagonale ou de l’étranger.

« Quand y arrive mois de juillet, tous les jours na touristes ! N’a ban z’allemand, z’anglais. Mi comprend pas rien quand zot y parle semble moins ! (rires) » – Expédit HOAREAU, Marla 1988 (Chroniques Mafataises, propos recueillis par Jean Philippe).

Au fil des années les Mafatais ont développé leur offre, et le cirque est devenu une destination phare, un des fers de lance de la communication touristique réunionnaise. Les nombreux reportages ou encore la « Diagonale des fous » ont rendu Mafate célèbre. C’est un endroit unique au monde, paradis des randonneurs et des trailers. Face à l’afflux de visiteurs, il faut faire face à de nombreux défis tels que la gestion des déchets, et l’approvisionnement en eau et en énergie.

Mafate a accueilli par le passé une population qui s’est organisée pour vivre en totale autarcie. Aujourd’hui avec plus de 130 000 visiteurs annuels, il est voué à être un laboratoire du développement durable. Il est nécessaire de prendre en considération ces enjeux, et d’avoir les bons gestes. Dans cet esprit, l’Office de Tourisme de l’Ouest a mis en place la charte « Mafate Attitude ». Beaux et fragiles, les sentiers ne doivent pas être que des pistes dédiées aux performances. Mafate se mérite, Mafate se vit. Il faut respecter l’histoire, la culture, la biodiversité, les paysages et l’esprit des lieux…

Focus : le sentier, un lien vital devenu terrain de jeu

Mafate compte environ 150km de sentiers, entretenus depuis des décennies par l’ONF et les Mafatais. Aujourd’hui espaces de loisirs, ils ont eu des fonctions vitales pour les habitants du cirque. Certains des sentiers utilisés aujourd’hui ont été créés par les marons. Ces chemins escarpés reliaient les îlets entre eux, permettant de garder les liens et de faire des échanges. Ils reliaient l’habitation aux champs, aux vergers, aux points d’eau, ayant une fonction vitale.

Eléments marquants de l’organisation de l’espace Mafatais, ils sont aussi les liens vers l’extérieur du cirque. La forte fréquentation des sentiers provoque leur érosion, avec une dégradation qui s’accélère avec le temps. Il faut rechercher des solutions innovantes, gérer leur entretien. Certains proposent d’ouvrir de nouveaux sentiers, pour développer de nouveaux circuits, de nouveaux liens entre ilets, et réduire la pression sur les sentiers les plus anciens. D’autres proposent de réaménager les sentiers existants, avec des murets en pierre et des plantations.

Message de sensibilisation : malgré ses paysages uniques et chaotiques, Mafate est fragile. L’afflux de plus en plus conséquent de touristes nous oblige à avoir un comportement responsable : ramener ses déchets, économiser l’eau, ne pas prélever de plantes endémique et indigène, éviter les nuisances sonores, ne pas ouvrir de sentiers sauvages.

Un Zoom sur la tradition des tisanes

Quelques tisanes : Tisane tanbav caro, composée d’une 30aine de plantes, utilisée contre la gastro-entérite des enfants, tizane anlèr, pour les enfants qui ne marchent pas, tisane rumatis.

L’utilisation thérapeutique des plantes à la Réunion vient des traditions ancestrales de ces femmes et hommes venues d’Afrique, de Madagascar, d’Inde, ou de France. L’environnement contraint et la difficulté des habitants à avoir accès aux soins a par le passé poussé les Mafatais à perpétuer leurs traditions autour de l’automédication. Les tisaneurs étaient vus comme des « sorciers », de par l’utilisation de plantes rares et la connaissance – tenue secrète – de leurs vertus. Certaines tisanes viennent probablement des esclaves marons, d’autres ont été amenées par l’arrivée successive de nouveaux habitants.

Le faham (orchidée endémique), le ling maron, étaient parmi les plus utilisés, de même que la tisane « tanbav caro », composée d’une trentaine de plantes et utilisée contre les maladies digestives infantiles. On utilisait le « bois d’monmon » pour prévenir des fausses couches, le « zerb pat poul » pour soigner les problèmes de foie, le « bois jaune » contre la fièvr, le tan-rouge ou le café maron pour le rafraîchissement.