D’ilet refuge à îlet moderne.

Les années 80 sont marquées par l’arrivée de l’hélicoptère, et avec lui des éléments de confort moderne. La tôle apparaît et commence à couvrir les murs et les toits des cases. En 1986, des blocs sanitaires sont distribués aux 123 familles habitant le cirque. C’est également l’arrivée des panneaux photovoltaïques. Les conditions de vie s’améliorent considérablement grâce à l’éclairage, les appareils de froid, les télécommunications.

Le cirque cesse de se dépeupler, les touristes se font de plus en plus nombreux. Les écoles et lieux de santé sont grandement améliorés, et les habitants se sentent de moins en moins coupés du monde. Avec l’arrivée d’internet, l’isolement se réduit encore, les ilets refuge du temps des premiers habitants peuvent être qualifiés de « cyber ilets ».

Les Mafatais changent de mode de vie, en tentant tant bien que mal de sauvegarder leurs traditions et leur authenticité. Le cirque devient de plus en plus attractif et innovant, avec de nouveaux produits touristiques alliant authenticité et confort moderne.

Focus : du « Bef pano » à l’hélico

Le bœuf « moka » a été utilisé sur l’ensemble de l’île, notamment pour le portage. A Mafate, il servait au portage de marchandises et de matériel sur les sentiers escarpés. Il était équipé de « pano », un genre de chevalet en bois (ressemblant aux chevalets servant à couper du bois) sur lequel étaient disposés des crochets. Le dos des « bef pano » était protégé par des « goni » (toiles de jute) remplis de paille et de vieux chiffons. Le « pano » était sanglé, et les crochets servaient à accrocher des sacs en goni pour transporter les récoltes ou autres marchandises. Les propriétaires pouvaient se rendre à la Rivière des Galets avec 16 ou 18 « bef pano », pour vendre leurs marchandises et se ravitailler.

C’étaient de véritables excursions de plus de 30 kilomètres ! Désormais, le « bef pano » a disparu, et même s’il est resté ancré dans les mémoires, il est remplacé aujourd’hui par les hélicoptères qui assurent le ravitaillement des ilets en denrées et en matériaux. Mafate a même vu naître une compagnie d’hélicoptère : Mafate Hélicoptères fût créée par André Bègue, enfant du cirque, malheureusement décédé en 2010.

Focus : être écolier à Mafate dans les années 80

A Mafate dans les années 1980, la vie des écoliers était rythmée par les tâches domestiques, les tâches agricoles et par les longues marches parfois nécessaires pour se rendre à l’école. Les écoles étaient extrêmement rudimentaires, parfois insalubre. Cependant, c’était un lieu de vie important pour les enfants Mafatais.

L’école créait ou consolidait les liens, la solidarité était naturelle, et l’entraide se faisant dans et en dehors de l’école. L’isolement limitait les perspectives d’avenir, et beaucoup arrêtaient leur scolarité à la fin de l’école primaire pour travailler et aider leurs parents. Les instituteurs et institutrices étaient souvent des volontaires qui devaient également faire face aux rudes conditions de vie et de travail. Aujourd’hui chaque ilet dispose d’une école, et la relative ouverture du cirque vers l’extérieur a rendu la poursuite de la scolarité est plus aisée, offrant de meilleures perspectives aux enfants Mafatais.

Message de sensibilisation : les modes de vie et l’authenticité de Mafate sont au cœur du patrimoine réunionnais, mais sont peu à peu en train de disparaître. Ne visitons pas Mafate en recherchant absolument le confort « des bas ». Il est parfois utile de revenir à l’essentiel.