Chemin Crémont dit chemin « des Anglais »
Ce chemin tracé en 1730, est mis en service en 1732 pour relier Saint-Paul à Saint-Denis.
Pour le rendre praticable en toute saison, Honoré de Crémont, alors ordonnateur de l’île, le fait paver en pierres de basalte. Les travaux, démarrés en 1767, prennent fin en 1775.
Pendant les guerres napoléoniennes, les rivalités entre les Français et les Britanniques sont à leur apogée. Depuis août 1809, les Anglais attaquent l’île. Ils en prennent possession à l’issue de la bataille du 8 juillet 1810 : 3 000 soldats anglais empruntent le chemin pavé entre la Grande Chaloupe et le plateau de la Redoute pour prendre Saint-Denis à revers.
Ce chemin est inscrit monument historique depuis mars 2014.
Une randonnée à travers l’histoire
Le chemin Crémont est la première voie pavée à La Réunion. Il reste l’axe principal utilisé pour le transport des diligences et des marchandises jusqu’à la construction de la route de la Montagne vers 1850, suivie du chemin de fer en 1882, puis de la route en corniche en 1963.
Suite aux graves épidémies et avec l’arrivée massive d’engagés indiens notamment dans la seconde partie du XIXe siècle, l’île se dote d’un lazaret construit à la Grande Chaloupe. Tous les nouveaux arrivants y sont mis en quarantaine.
Quand la Pointe des Galets se détache de La Possession
Jusqu’alors quartier de Saint-Paul, la commune de La Possession est érigée en 1890. La Pointe des Galets passe sous l’administration de la nouvelle municipalité.
La construction du port démarrée en 1879, mobilise des milliers d’ouvriers appelés les « pionniers du désert ». Ils s’installent dans des cases ou paillotes de fortune à proximité des chantiers.
La création d’une nouvelle commune s’impose par le nombre conséquent d’habitants. La localité de la Pointe des Galets devient commune du Port le 22 avril 1895.
Un géant nommé Titan
Pour répondre aux impératifs économiques, logistiques et militaires qui pèsent sur le territoire à la fin du XIXe siècle, la Pointe des Galets est choisie pour accueillir le plus grand port de La Réunion.
Le site présente un avantage conséquent : l’enlèvement des roches et du sable pourront se faire sans l’intervention de grosses machines… jusqu’à ce que le chantier butte sur une barre de roche dure, large de 30 mètres !
La Compagnie du Chemin de Fer et Port de La Réunion (CFPR) se trouve contrainte à installer une énorme machine de 3 tonnes montée sur rails appelée « Titan ». Un nom bien évocateur de sa puissance de levage.
« Ravine à Malheur », une dénomination liée à un fait historique
Jacques de La Heure, dit « La Hure », est le gouverneur de Bourbon de 1671 à 1674. Il est détesté de tous car connu pour être un grand tyran. En 1672, ses esclaves « porteurs de manchy » montent un complot : précipiter La Hure dans une des ravines lors d’un de ses passages sur ce chemin. Après dénonciation, la conspiration se retourne contre eux. D’où la dénomination de « Ravine à Malheur ».
«Arrivé à l’endroit appelé plus tard la Ravine à Malheur, [le gouverneur] fit déposer son manchil, et déchargea son fidèle mousqueton sur ces hommes, en tua un, les autres prirent le chemin de la forêt, et courent encore» (Extrait de Causeries historiques sur l’île de La Réunion, Gilles-François Crestien, ouvrage édité en1881).
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Recherche et rédaction : Geneviève Pothin – Docteure en muséologie, Attachée Principale de Conservation du Patrimoine, Chargée de mission Valorisation du Patrimoine au TCO