Les premières installations humaines à Saint-Paul
En 1642, Jacques de Pronis, de passage près de nos côtes, prend possession de l’île Mascareigne au nom du Roi de France.
Missionné par la Compagnie de L’Orient, Pronis fonde la colonie de Fort-Dauphin à Madagascar.
En 1646, il exile à Mascareigne douze des colons qui s’étaient révoltés contre lui. Ces Français explorent l’île, s’installent au Tour des Roches et baptisent leur habitation Saint-Paul.
En 1649, le nouveau gouverneur Étienne de Flacourt fait revenir les exilés. Puis, il mandate un navire pour renouveler la prise de possession de l’île qu’il nomme Bourbon. Enfin, Flacourt envoie huit Français et six Malgaches en 1654 pour y développer des cultures dont celle du tabac. Ils résideront à l’habitation de Saint-Paul jusqu’en 1658.
Flacourt a établi cette carte sur les indications des 12 exilés qui ont arpenté l’île durant leur séjour, de 1646 à 1649.
Les premiers habitants définitifs de Bourbon
Les premiers habitants définitifs de Bourbon se composent de deux groupes venus, l’un de Fort-Dauphin en 1663, l’autre de France en 1665.
Le premier groupe comprend 10 Malgaches, dont 3 adolescentes, amenés par Louis Payen et un autre Français. Le second est formé des 20 colons français conduits par Étienne Regnault.
En 1663, à la suite de dissensions dans leur groupe, les Malgaches s’enfuient dans les hauts. Louis Payen quitte l’île en 1665.
Regnault obtient alors que les fugitifs rejoignent ses colons établis au Tour des Roches. C’est là que naîtront les premiers enfants créoles, telle Anne Mousse, née en 1668, et dont descendent de nombreux Réunionnais. Ses parents malgaches sont peut-être arrivés en 1663, mais rien ne permet de l’affirmer avec certitude.
Petite histoire du débarcadère
Après 1820, les pouvoirs publics construisent un premier débarcadère en bois. En 1844, il est reconstruit avec une armature en métal, un tablier en bois et une culée en pierres de taille. Il sert au transbordement des cargaisons et des passagers entre la terre et les navires au mouillage.
En 1849, pour protéger le tablier, Sarda Garriga en interdit l’accès aux animaux et aux marchandises lourdes. Ce débarcadère ne sert plus que pour les voyageurs et le service des navires de l’État jusqu’à l’entrée en fonction du port de la Pointe des Galets, à la fin du XIXe Siècle. En revanche, le chargement du sucre depuis la plage perdure au moins jusqu’aux années 1910.
Le débarcadère fait peau neuve
Au début du XXIe siècle, il ne subsiste du débarcadère que sa culée d’origine et 3 travées de charpente métallique. En mer, il demeure quelques éléments métalliques et une pile en maçonnerie déstabilisée.
Le cyclone Gamède en 2007 éprouve particulièrement le Front de mer de Saint-Paul. La Ville engage un chantier de revalorisation du Front de mer de Saint-Paul. L’objectif est de relier Saint-Paul à son histoire.
Ce chantier obtient le prix de l’aménagement urbain en 2011.
Chaque pierre de la culée d’origine est démontée et numérotée pour être remontée à l’identique.
Les canons de Saint-Paul, véritable trésor patrimonial
La collection de canons de Saint-Paul est unique car exceptionnelle par sa diversité. Ils sont issus des nations européennes présentes sur la route des Indes jusqu’au début du XIXe siècle.
Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que la fabrication des canons français soit standardisée. Jusque-là, chaque fonderie fabriquait ses propres modèles. Par ailleurs, la France équipe certains de ses navires avec des canons achetés aux Provinces Unies (Pays-Bas). Enfin, il est d’usage de réutiliser, au besoin, les canons pris à l’ennemi, d’où l’importance des canons anglais sur l’île.
L’impossibilité de refondre les canons dans l’île après leur mise hors service a permis de les sauvegarder jusqu’à nous.
Un système de défense mis en place par la Compagnie des Indes
Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la défense de La Réunion repose essentiellement sur ses habitants regroupés, depuis 1696, dans une milice composée d’hommes en âge de se battre. Cette milice sert aussi de force de police et à lutter contre le marronnage.
Les premières troupes de métier sont envoyées dans l’île en 1722, mais sont peu nombreuses jusqu’en 1815. Elles stationnent uniquement à Saint-Denis et Saint-Paul pour défendre les deux principales rades de l’île contre une attaque venue de la mer.
Dès la fin du XVIIe siècle et jusqu’en 1732, les projets de fortification de La Réunion se succèdent en vain. Finalement les impératifs budgétaires de la Compagnie des Indes la conduisent à préférer la construction de batteries côtières dans tous les endroits de l’île propices à un débarquement ennemi.
1809 : Les Britanniques attaquent et prennent Saint-Paul
Au début du XIXe siècle, Saint-Paul devient une base arrière pour les corsaires français qui opèrent dans l’océan Indien. En septembre 1809, l’un d’entre eux rapporte deux riches prises anglaises dans la Baie.
Les fortifications côtières de la rade la rendent inattaquable par la mer. Les Britanniques, déterminés à reprendre leurs deux navires, débarquent de nuit à la Pointe des Galets grâce à des complicités locales et attaquent Saint-Paul par surprise. Après quelques combats, les Anglais sont maîtres de la ville qu’ils occupent pendant un mois.
Le système de défense de Saint-Paul
Le système de défense de Saint-Paul se compose de trois éléments distincts pourtant indissociables : la poudrière, les vigies et les batteries.
La poudrière a pour fonction d’abriter la poudre servant aux travaux et à la défense de Saint-Paul. Achevée en 1724, elle est le plus ancien bâtiment de l’île encore debout aujourd’hui.
Les vigies sont des postes de guet qui transmettent des signaux d’alerte. Le premier système de vigie installé tout autour de l’île en décembre 1724, comprend 35 mortiers produisant un signal sonore. Il se perfectionne ensuite par des signaux visuels : pavillons hissés sur un mât le jour et fanaux la nuit.
Les batteries sont des fortifications destinées à protéger l’artillerie et les artilleurs.
Plan de défense de Saint-Paul / Positionnement des fortifications de 1842
La plus ancienne batterie construite dans l’île est achevée à Saint-Paul en 1735. Mais elle s’avère peu efficace car les canons reposent sur de simples madriers posés à même le sable.
La construction des fortifications de Saint-Paul et de Saint-Denis se fait sur une très courte période, celle des deux guerres de Succession d’Autriche (1744-1748) et de Sept Ans (1756-1763). Par la suite, on procède à certaines modifications du nombre et de l’emplacement des batteries, mais le système de défense des deux villes ne change plus jusqu’au XXe siècle.
Le système de défense de Saint-Paul au début du XIXe siècle : les batteries situées au bord de la mer protègent le mouillage contre des navires hostiles, celles placées en retrait entrent en action en cas de débarquement ennemi.
Focus sur une batterie type de Saint-Paul
Octobre 1965 : Les canons sortent de leur réserve
En octobre 1965, à l’occasion du tricentenaire du débarquement des premiers colons français à Saint-Paul, le Quai Gilbert est aménagé, une stèle commémorative y est érigée et des canons sont disposés sur le front de mer.
Reconstitution du débarquement des premiers colons français, lors de la célébration à Saint-Paul le 10 octobre 1965 :
Le bas-relief représente la Vierge du bon Port, l’un des trois navires sur lesquels en 1665 sont arrivés Étienne Regnault, premier commandant de l’île pour la Compagnie des Indes orientales, fondée en 1664, et les premiers colons français dont très probablement René Hoarau, Hervé Dennemont, et Gilles Launay :
Ce parcours patrimonial est visible in situ sur le front de mer de Saint-Paul (entre le débarcadère et le quai Gilbert).
TCO / Mairie de Saint-Paul / SEDRE
Recherches, conception et rédaction : Geneviève Pothin
Expertise scientifique : Olivier Fontaine
Graphisme et scénographie : Pascal Knoepfel, Atelier Crayon Noir
Traduction : Celia Northam