Zoom sur notre patrimoine | Le Madonna ne débarque pas seulement les soldats réunionnais … !

Note : Cet article a été publié il y a plus de 53 mois. Les informations qu'il vous propose ne sont peut-être plus à jour.

En février 1919, les premiers soldats réunionnais démobilisés de la 1ère guerre mondiale rentrent au pays. Ils sont suivis de 1 400 poilus réunionnais embarqués à Marseille à bord du luxueux paquebot, le Madonna Lesté à Dakar avec de «la terre rouge provenant d’un cimetière où des indigènes avaient été enterrés au cours d’une épidémie», le Madonna amène dans son sillage la grippe espagnole sur l’île. Elle provoque une hécatombe parmi la population portoise où 7% des habitants succombent à l’épidémie !

Zoom sur cet épisode funeste qui marqua l’Histoire et bon nombre de familles …

Le Madonna – Collection privée Éric Boulogne

Le 30 mars 1919, le docteur Charles Renaudière de Vaux, conseiller municipal, prononce le discours de «bienvenue aux Poilus». C’est l’acte premier d’un drame collectif et personnel, lui-même ne survivant pas à l’épidémie.

Les dockers chargés de vider le lest du Madonna, tombent immédiatement malades. Ils sont remplacés par les détenus de la prison de Saint-Denis qui souffrent des mêmes symptômes. Les premiers décès surviennent au début du mois d’avril. Les morts sont d’abord inhumés dans le grand cimetière du sud de la ville. Mais rapidement, le directeur du Chemin de fer et Port de La Réunion (CPR) décide d’enterrer les victimes de la grippe dans un terrain du quartier de la «Butte Citronnelle».

Confinés dans une ville fantôme

À la mi-avril, les 3 500 habitants du Port sont au cœur du foyer épidémique. Le marché, l’abattoir, l’église, les pharmacies et les commerces sont fermés. Les meutes de chiens et les porcs faméliques dispersent les détritus abandonnés dans les rues. Calfeutrés chez eux et malgré les grogs au rhum, camphre, huile de ricin et huile goménolée, la terrible grippe frappe tous les Portois, quel que soit leur milieu social.

Charrette et cercueil en vacoa en guise de corbillard !

Le ramassage des morts se fait par la charrette de la commune tirée par des détenus qui sillonnent chaque matin les rues de la ville. Certaines familles laissent leur mort au pas de leur porte. Et lorsque personne ne répond, les portes sont enfoncées, les morts trouvés sont enveloppés dans un sac de vacoa, puis entassés dans la charrette. Des conditions d’inhumation révélatrices de l’hécatombe causée par cette épidémie !

Un cyclone miraculeux

Dans la nuit du 10 au 11 mai 1919, la panique est à son comble lorsqu’un cyclone, inhabituel à cette époque de l’année, s’abat violemment sur la ville.

Et contre toute attente, le cyclone n’emporte pas avec lui que les toitures des baraquements, mais aussi l’épidémie ! Un 11 mai … Même date que celle de notre déconfinement en 2020… Hasard ou coïncidence ?

La vie reprend progressivement son cours pour retrouver son rythme habituel vers la fin mai. Le Conseil municipal du Port du 13 juin 1919 évoque les terribles épreuves subies par les Portois en déplorant le décès de quelques 400 concitoyens !

Découvrez-en plus encore sur la ville du Port à travers un parcours patrimonial …

  • Hôtel de Ville
  • La place des Cheminots
  • Chemin de fer
  • Église Sainte-Jeanne d’Arc
  • L’ancien bureau des douanes
  • Le magasin D5, port Ouest, bassin Émile Hugot
  • Les maisons des ingénieurs
  • Quartier Épuisement, Quartier Titan
  • Le Grand Marché
  • Rond-point butte citronnelle
  • Le parc boisé
  • Le pont de la rivière des Galets
  • Les portes de Mafate

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